Comprendre le changement climatique

Les évolutions climatiques en alpage

Le changement climatique est un phénomène global qui affecte l’ensemble des écosystèmes et des activités humaines associées, à l’échelle mondiale. Pour autant, chaque territoire, et même chaque alpage, est exposé de manière spécifique à des conditions météorologiques en fonction de sa position géographique et de l’ensemble de ses caractéristiques géomorphologiques (altitude, exposition dominante…).

Quelles sont les tendances d’évolution climatiques constatées sur les Alpes et comment se déclinent-elles localement en alpage ?

+2°C depuis le début du XXème siècle dans les Alpes

Les Alpes sont la région française qui se réchauffe le plus rapidement en France : depuis le début du XXème siècle, les températures moyennes annuelles du massif alpin ont augmenté d’environ deux degrés Celsius. C’est deux fois plus que la moyenne de réchauffement à l’échelle mondiale !

Ce réchauffement affecte en particulier le printemps et l’été (+2,6°C sur les mois de mars à août).

Cette augmentation tendancielle des températures induit des effets en cascade.

  • Les sols et les végétations perdent davantage d’eau vers l’atmosphère : l’évapotranspiration s’est accrue d’environ 10% sur les 30 dernières années dans les Alpes.
  • La quantité d’eau disponible pour la croissance des plantes diminue : le bilan hydrique annuel décroît d’environ 15% sur les 30 dernières années dans les Alpes.
  • Au-delà de ces grandes tendances d’évolution, le changement climatique s’exprime aussi par une augmentation des phénomènes extrêmes : les aléas météorologiques sont plus fréquents et de plus grande amplitude. En particulier, les alpages sont davantage soumis à des épisodes de gel tardifs, de printemps plus ou moins précoces et chauds et de sécheresses estivales, qui affectent à la fois leurs végétations et donc la disponibilité des ressources fourragères (quantité, qualité, période de mobilisation), et leurs ressources en eau.

    « Comprendre le changement climatique en alpage », Réseau « Alpages Sentinelles », 2017

    L’enneigement diminue et remonte en altitude : pour chaque degré en plus, la limite pluie-neige remonte de 150 à 200m. Au-dessous de 1500 m d’altitude, les cumuls de neige ont diminué de 20 à 25% depuis la fin des années 1980. Moins de neige, c’est une saison végétative qui s’allonge, mais c’est également une exposition au gel accrue des végétations et moins de réserve d’eau pour les sols et les plantes au printemps.

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Les conditions météorologiques des années 2012 et 2017 ont conduit à une avancée bien différente des stades de végétations sur une même pelouse au 10 juillet !  (Mont Aiguille, Vercors, en l’absence de pâturage)

Des conditions météorologiques spécifiques
sur chaque alpage

Les contraintes météorologiques réellement subies par chaque alpage dépendent de leur contexte climatique.

  • La position géographique de l’alpage au sein du massif alpin détermine les influences climatiques dominantes auxquelles il est soumis (au nord ou au sud du massif, en vallée interne ou préalpine…).
  • Les caractéristiques géomorphologiques de l’alpage définissent son microclimat (altitude et étagement altitudinal, pente, exposition dominante…).

Du fait de ces contextes variables, chaque alpage présente un profil climatique qui lui est propre : déneigement précoce, fréquence de sècheresses estivales… Par exemple, un alpage de Chartreuse, en contexte montagnard arrosé, est moins sujet à la sécheresse estivale qu’un alpage du Ventoux, de même altitude mais en contexte méditerranéen.

Au-delà de ces caractéristiques spécifiques à chaque alpage, le changement climatique expose l’ensemble des alpages à des évolutions tendancielles (augmentation des températures et leurs conséquences) et à une variabilité interannuelle accrue des conditions météorologiques. De ce fait, le développement des végétations sur chaque alpage sera de plus en plus variable d’une année sur l’autre selon les aléas climatiques (date de déneigement, épisodes de gel, températures…).

Ces changements impacteront cependant plus ou moins les alpages en fonction de leurs caractéristiques géomorphologiques : par exemple, face à un même épisode de sécheresse météorologique, un alpage avec un grand versant peu pentu en ubac sera moins impacté qu’un alpage constitué d’un grand versant pentu en adret.

Une interface pour visualiser le profil climatique propre à chaque alpage

Pour caractériser le profil climatique d’un alpage, des indicateurs agroclimatiques ont été développés. Ces indicateurs traduisent les impacts potentiels des conditions météorologiques sur le démarrage et la croissance des végétations.

  • Des indicateurs relatifs aux températures printanières après déneigement : le cumul des températures journalières conditionne le démarrage, la vitesse de croissance et l’avancée des stades phénologiques de la végétation. Ces indicateurs permettent ainsi de caractériser la précocité du démarrage de la végétation ainsi que l’étalement du printemps, c’est-à-dire la durée entre le démarrage végétatif et la maturité des végétations.
  • Des indicateurs liés aux épisodes de gels printaniers : après démarrage de la végétation, le gel impacte les jeunes feuilles et les méristèmes, retardant ainsi la croissance des végétations et donc leur niveau de production et leur qualité.
  • Des indicateurs de bilans hydriques, qui traduisent la disponibilité en eau pour les végétations : la croissance des végétations se verra limitée en situation de stress hydrique, c’est-à-dire de manque d’eau.

Ces indicateurs sont calculés sur la base des données et modèles de Météo France (températures, précipitations, etc.). Ils permettent de construire un profil climatique pour chacun des alpages du massif des Alpes.

A l’échelle d’un territoire, ces indicateurs agroclimatiques permettent aussi de caractériser les conditions auxquelles sont soumis en moyenne les alpages d’un massif, d’une petite région agricole, ou encore d’un espace naturel protégé. On parlera alors de profil climatique des surfaces d’alpages d’un territoire.

Deux interfaces web développées pour consulter les profils agroclimatiques

  1. Pour tous les alpages et territoires d’alpages situés en cœur de massif, une interface web a été développée par le dispositif « Alpages Sentinelles » pour visualiser les profils agroclimatiques. Elle s’appuie sur un jeu de données Météo France spécifique aux zones de montagne, qui intègre l’altitude, l’exposition, la pente et la localisation de l’alpage dans le calcul des indicateurs (zonage SAFRAN Montagne). Un document de présentation de la typologie agroclimatique décrit la manière dont les neuf classes d’alpages ont été établies à l’échelle du massif des Alpes.

     

  2. En dehors de ce zonage, et notamment pour les alpages des Préalpes du Sud, les données Météo France disponibles sont différentes. Elles se déclinent notamment selon une grille (carroyage) de 8*8km. Une extension web spécifique a donc été conçue. Elle propose de visualiser les contextes agroclimatiques des zones sur lesquelles des alpages sont présents dans les Préalpes du Sud.

NB : Certains indicateurs sont proposés en ‘jours juliens’, soit en nombre de jours cumulés depuis le 01er janvier d’une année donnée. Un calendrier de correspondance est disponible.

L’ensemble de la démarche méthodologique est synthétisé dans un document annexe en consultation libre (données et méthodes de calcul pour chaque indicateur – version cœur de massif).